… ou comment une rencontre et un paysage transforment une tâche commune, insignifiante et routinière en un instant joyeux et contemplatif.

Nous vivons « en campagne » et il fut un temps où nous devions faire quelques kilomètres pour déposer nos déchets et autres recyclables dans des containers prévus à cet effet.

L’endroit en lui-même n’avait rien d’extraordinaire; peu pratique pour se garer, en plein vent, souvent souillé par la faute de riverains peu regardants ou par les dépôts sauvages.

Malgré cela, deux aspects très différents liés à cette corvée hebdomadaire en faisaient pour moi un instant, si ce n’est attendu, en tout cas apprécié.

Le premier était un bruit, un cri, un braiment en fait. Un âne vivait dans le champ qui jouxtait les containers. Dès qu’un quidam venait déposer ses vestiges ménagers, son grand plaisir était d’arriver à pas de loup (non, aucun lien entre ce Loup-âne, ses braiments et une jeune chanteuse sardouesque) et d’envoyer fièrement un fabuleux, tonitruant et répétitif « hi-han ». Très surpris la première fois, je m’amusais par la suite de ce running gag, essayant vainement tantôt de dialoguer avec l’animal, tantôt de l’amadouer, voire même de le concurrencer par des cris que seule la certitude d’être totalement seul avec lui m’autorisait à pousser.
Il disparut un jour, emporté par l’âge ou la maladie m’a-t-on dit, seul le sifflement du vent accompagnait désormais mon arrêt-détritus.

Mais il me restait « ça », ce  paysage que je pris un jour en photo avec mon téléphone.
En tournant le dos aux poubelles, la vue des vallées de Puybegon et du bourg perché sur sa colline s’offrait à moi. A chaque saison ses couleurs, à chaque heure sa lumière; chaque arrêt aux containers s’accompagnait ainsi d’un moment de contemplation…
Le paysage est toujours là mais depuis les éboueurs viennet jusqu’à notre porte. Je passe encore par-là parfois, mais ce panorama ne m’apparaît plus que furtivement, du coin de l’œil, par les vitres de la voiture.

Et bien que je ne regrette plus cette corvée, voici pourquoi j’aime à me rappeler le temps où j’allais « aux poubelles » dans ma campagne, probablement le dépôt d’ordures le plus bucolique au monde.

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