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Avant-propos

Sur ce site, trois textes se succèdent sous ce titre « Plaidoyer pour un renouveau démocratique ». Un découpage destiné à rendre mon propos plus conforme aux pratiques de la lecture sur internet.
Le premier texte est un constat personnel et rapide de la situation de notre société en ce début 2019 et une introduction aux propositions que je formule.
Le second est le cœur de mon propos, des propositions pour réformer nos règles de gouvernance et notre modèle démocratique.
Le dernier est, pour ceux que cela intéresse une sorte d’épilogue sous la forme de « Qui je suis et pourquoi j’en suis venu à rédiger ce texte ».
Voici le 1er volet.

La politique n’est pas (plus ?) le premier pouvoir

Ces derniers mois, beaucoup d’entre nous expriment une attente forte, celle qu’un homme, un parti, un gouvernement changent leur quotidien.
Cette demande légitimement « égocentrée » revient en fait paradoxalement à demander à des gens qui n’en ont pas le pouvoir de changer le monde.
Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, le « 1er pouvoir » n’est plus politique. Le premier pouvoir est (malheureusement) économique, en voici une nouvelle preuve en ce début 2019 : 26 Milliardaires détiendraient autant d’argent que la moitié de l’humanité parait-il (si ce n’est pas exact, nous ne devons pas en être loin); ainsi les très riches sont plus nombreux et plus riches d’année en année. Et plus nous les rendons riches (oui nous) plus nous créons de la pauvreté.

Le 1er pouvoir n’est plus politique

Pour changer ce monde, pour que demain la politique (au sens étymologique «ce qui concerne le citoyen ») redevienne le premier pouvoir, nous pouvons commencer, nous peuple de France, par nous rappeler que nous fûmes le pays des lumières. Et nous mobiliser pour le redevenir.
Cela nous sera possible parce que nous sommes (encore) libres ; mais oui nous le sommes, regardez nos débats, nos luttes, nos affrontements !
Et cette liberté nous oblige aux yeux de tous, de nos enfants notamment mais également des autres peuples. Pour arriver à plus d’égalité il faudrait « juste » remettre dans nos échanges et nos projets un peu plus de fraternité… Et une vision « élargie » à moyen et long terme.

Pour cela, il est impératif de changer nos règles démocratiques et de gouvernance. Ainsi, nous pourrons envisager de résoudre durablement nos problèmes sociaux, de remettre un peu d’égalité au sein de la société française et, parce que nous allons réussir, nous redeviendrons un exemple à suivre pour les autres peuples.
Nous pourrons alors espérer tous ensemble orienter (pour ne pas dire contrôler) le modèle économique actuel vers une meilleure répartition et plus de partage.

Je suis convaincu depuis longtemps qu’il est impossible de continuer sur un modèle où la croissance est le premier objectif. Notre monde économique mais surtout nos ressources sont ainsi faites que celui qui s’enrichit, mange plus, consomme plus, le fait au dépend d’un autre, son voisin le plus proche comme celui du bout du monde.

Si nous refondons notre « logiciel » sur cette idée de répartition plutôt que de croissance, nous avons une chance, en quelques générations, de laisser à nos descendances un monde plus juste. Notamment. Plus beau également, plus propre, plus paisible, plus… On attend quoi pour s’y mettre ?

Juste une précision : pour moi « plus d’égalité » ne veut pas dire « tous à la même hauteur » mais plutôt que « ceux qui dépassent » ont pour obligation de tirer les autres vers le haut.
Que certains aient « plus » voir « trop », je m’en moque, je voudrais juste que chacun est assez, et vous ?

Constat

Sans être un sympathisant du mouvement des Gilets Jaunes, je respecte certaines des colères et toutes les désespérances qui amènent des gens d’horizons aussi différents à se mobiliser pour exprimer leur ras-le-bol.

Les révolutions ont souvent (toujours ?) été menées par des minorités très déterminées, nous aurions donc ici potentiellement le premier ingrédient d’une révolution… A un détail près : en d’autres temps en ce même pays, un mouvement de l’ampleur de celui des Gilets Jaunes se donnait un visage, une voix en mettant en avant un ou plusieurs porte-paroles/drapeaux… Pas celui de cette fin d’année 2018 qui est tellement horizontal sur l’échiquier politique et polymorphe sur le plan social qu’il refuse jusqu’à présent de se fédérer et de nommer des représentants.

Victime de son succès médiatique, populaire il se croit majoritaire.
Aveuglé par sa crainte de la récupération, obnubilé par le dégagisme, investi par les extrêmes, encouragé par les confusionnistes il se croit libre et non aligné mais il me semble surtout désordonné.

C’est certainement ce qui fait sa force dans l’instant : face à cette colère protéiforme, le « pouvoir » ne sait ni comment ni à qui répondre et en vient à lâcher du lest.
Le discours du 10/12/2018 du président est à ce titre édifiant : si ses propositions ont été logiquement perçues comme insuffisantes ou insincères par des gens dont la principale revendication est qu’il démissionne, il faut reconnaître que l’évocation d’un état d’urgence social et l’annonce de mesures immédiates n’auraient jamais été faites sans cette mobilisation.

Mais ensuite ? Que pouvons-nous tous, citoyens avec ou sans gilets, retirer d’un mouvement qui se dit être « Le peuple » quand il n’en représente qu’une partie, qui bloque souvent ceux qu’il prétend défendre et n’envisage d’autre avenir que de renverser le gouvernement et balayer les institutions ?

Plutôt qu’une guerre civile (j’ai vu que certains la promettait), nous pourrions profiter de ce grand chambardement pour transformer notre société en définissant le « mieux-disant démocratique » qui nous permettrait de vivre à nouveau ensemble.
Cette colère, qui n’est pas celle de tous, peut devenir le déclencheur d’un large mouvement citoyen pacifique, structuré, déterminé dont le principal objectif serait de reprendre en main notre destin démocratique.

Le volet suivant de ce texte contient un ensemble de propositions : Plaidoyer pour un renouveau démocratique 2/3 propositions