Chers Abstinents Alarmistes et autres Promoteurs du Qui-Perd-Gagne
J’entends et je lis depuis dimanche dernier un paquet de sonneries, des phrases qui sonnent creux, ou faux, ou les deux. Elles émanent soit de déçus s’inventant des stratégies hara-kiriennes, soit d’abstentionnistes professionnels, pêcheurs du dimanche dont les lignes dérivent depuis longtemps dans les eaux saumâtres de la « Jvoulavéviendi », affluent influent de la rivière « Péidemerde ».
Les premiers vous expliquent qu’ils n’aiment pas la cabotière bretonne mais qu’ils ne veulent pas du blanc-bec et que du coup… et là il y a deux écoles du rire qui s’affrontent:
- ils voteront pour la mère-tape-dure parce que le p’tit « de toute façon y va gagner mais faut pas qu’y se croit arrivé et qu’on va lui montrer qui on est ».
- ou (je pense que c’est ma préférée) certains de ces démocrates fins stratèges ne voteront pas pour celui-qui-apprend-à-marcher parce que, de toute façon, si la reine du ponpon l’emporte, « elle pourra pas gouverner puisqu’elle perdra les législatives »… que leur propre partie (celui des vaincus du premier tour donc) remportera forcément haut la main…
Les seconds quant à eux vous traitent au choix de crétin ou de mouton décérébré, de veau parfois. Ils vous expliquent que eux, ils ont bien fait de ne pas se déplacer pour un tel résultat, que nous vivons dans un pays « excrémement con » ou la populace fait n’importe quoi parce que manipulée par le milieu politico-mediatico-religioso-capitalistico-marxisto-judéo-islamo-complotiste …
Bon, d’accord. Admettons… Admettons qu’il nous faille voter pas-content ou voter pas-du-tout…
Permettez, je mobilise mes quelques neurones et ce qu’il me reste de capacité d’abstraction, je pose mes convictions démocrates dans un coin (je les planque, faudrait quand même pas qu’on me les abime), je jette du sel par-dessus mon épaule (gauche ou droite ?), je m’accroche un collier d’ail (Private joke : j’aime l’ail !) et je décide de poser comme hypothèses que nous faisons TOUS comme l’un ou l’autre de ceux qu’il me faut bien appeler des concitoyens…
Hypothèse 1 : puisque cela revient à cela, nous votons TOUS pour celui ou celle que nous détestons le plus… Mon petit doigt mouillé par les embruns de Quiberon me dit que ce sera une belle marée haute et qu’elle nous ramènera la marine… Je vous laisse envisager le merveilleux marasme politique et social, les amusantes batailles rangées et probablement la fabuleuse Poutinisation de notre pays redevenu une vraie patrie de gaulois, tant au niveau de l’idéologie que du niveau de vie…
Hypothèse 2 : nous nous abstenons TOUS… Là il faut que je me concentre. Si on s’abstient TOUS, késkispasse ? Rien… mais alors plus rien.
Ou plutôt si. Un beau bordel… Plus de président, pourquoi pas après tout ? Il faut juste trouver le moyen de faire sans et trouver un groupe de gens (une assemblée ? Non j’rigole) qui gèrera le pays collégialement… euh… élections ? Non oublions, tous des pourris, à la botte des tenants du « système ». Chiffoumi ? Tournoi de pétanque ? Hé, les gars, c’est quoi la suite du plan déjà ? Quoi, y’avait pas de plan ? Comment ? Vous ne pensiez pas que nous serions assez bêtes pour faire tous comme vous ? Aïe…
A tous les adeptes de cette position qui consiste à n’admettre la démocratie que si elle vous donne raison, je demande une chose : abstenez-vous, oui et jusqu’au bout svp… abstenez-vous de nous prendre la tête avec des positions que vous ne tenez que parce que vous êtes minoritaires.
Connaissez-vous l’allégorie du sain d’esprit au milieu des fous ? Un fou dans notre monde passe pour un fou, cela est bien « normal » non ?… Mais un sain d’esprit dans un monde de fou ? Ben il passe pour un fou, et c’est bien logique !
Donc que vous ayez raison ou non ne change rien au fait que votre combat restera stérile tant que ceux qui ont tort à vos yeux restent beaucoup plus nombreux.
Vous voulez voir triompher vos idées ? Défendez les, autant que faire se peut, avec les bons outils, la démocratie, l’objectivité et un soupçon d’humanisme.
En attendant allez en paix, loin de l’isoloir, on continue à avancer sans vous.